[Fanfic] Vie de Merde (publiée avec l'accord de l'auteur)

- Hello Francis !

- Bonjour Arthur.

- Oh, ça n'a pas l'air d'aller very well. Et… Mais quelle est cette marque de main sur ta joue ? Une gifle ?

Le français soupira.

- Si je te le dis tu vas te moquer de moi…

- C'est mon passe-temps préféré, alors raconte vite, froggie.

- Bon, très bien. Tu sais, c'était la visite médicale aujourd'hui.

- Oui, et ? Ah, j'y suis, tu as encore fait des avances à l'infirmière !

- Même pas, eh ho, pour qui tu me prends ! C'est juste que quand elle m'a demandé « Quel sport pratiquez-vous ? », j'ai répondu sans faire exprès « le pénis de table ».

Arthur se frappa le front.

- Quel con, mais quel con…

Soudain, Francis le prit par les épaules et l'entraîna dans une salle vide.

- Dis-moi Tutur… lui murmura-t-il sensuellement à l'oreille. Ça te dirais qu'on essaye ce nouveau sport tous les deux ?

- Ivan ! Je vais à la douche ! annonca Alfred à son amant.

- Trrrès bien. Dépêche-toi, le dîner est presque prêt.

Alfred profita de ce petit moment de détente, appréciant la chaleur de l'eau chaude sur sa peau. Soudain, il se mit à voir flou. Il s'immobilisa, étonné. Sa vision devenait de plus en plus trouble. Il commença à paniquer et s'assit sur le sol de la douche, le souffle court. « Est-ce que je fais un malaise ? » Cette idée l'effraya tellement qu'il appela à l'aide son petit copain.

- Alfrrred ! Tout va bien ? s'écria le Russe en déboulant dans la salle de bain.

- Ivan, je vois tout flou ! Est-ce que je vais mourir ?

- …Alfred… Tu as toujours tes lunettes sur ton nez…

La jeune élève taïwanaise monta dans le bus qui devait l'amener à son lycée.

- Génial, il est encore bondé…

Mais quelques minutes plus tard, elle avait changé d'avis. Faute de place, un jeune japonais charmant s'était appuyé contre elle durant tout le trajet. Voyant là une bonne occasion, elle lui susurra à l'oreille.

- Vous savez, je ne suis peut-être pas intéressée…

Il lui répondit de son regard placide :

- Vous savez, je ne suis peut-être pas hétéro…

De nouveau des ricanements. Là, Ivan Braginski commençait à en avoir marre. Que l'on n'aille pas le traiter de paranoïaque, c'était la cinquième fois qu'il croisait un groupe d'élèves se mettant à pouffer dès qu'ils le voyaient !

- Braginski ! Braginski !

Le susnommé se retourna pour faire face à Arthur Kirkland, un camarade de classe.

- Que se passe-t-il ? Les américains ont déclarrré la guerre ?

- Pire.

- La Russie est devenue capitaliste ?

- Encore pire !

- Y'a pas pirrre.

- Si. Quelqu'un a diffusé au lycée une vidéo où on te voit, lors de la soirée arrosée de ce week-end, jouer à pierre-feuille-ciseaux en face d'un miroir et accuser ton reflet de tricherie… Je-j'ai pensé que tu aimerais être au courant… rajouta-t-il tandis qu'une étrange aura se formait dans le dos du Russe.

Aujourd'hui, Gilbert avait décidé de faire un petit footing (pour entretenir son corps génial). Sur un chemin, il a vu un yorkshire sans laisse en train d'aboyer sur sa génialissime personne. Il a alors décidé d'utiliser sa super technique pour repousser les chiens : crier le plus fort possible avec les bras levés façon ogre.

- Et ensuite, demanda Francis à son ami albinos, que s'est-il passé ?

- Le chien est tombé raide mort. Sa mémé était inconsolable…

Ivan jeta Alfred sur le canapé du salon, et ils s'embrassèrent passionnément. La main du Russe passa sous la veste de son petit ami, caressant son torse.

- Nngh… Ivan… ha !

Le baiser reprit de plus belle. Ardent, violent. Les mains se baladaient partout où elles le pouvaient, touchant le plus de chair possible, tandis que la passion enflammait les deux corps, et que leurs instincts primaires demandaient plus, encore plus…

- A-Alfred, je crrrois que…

- Shut up Ivan, déshabille-moi… gémit l'Américain tandis que sa voix virait dans les aigus. Déshabille-moi !

Le Russe ne se fit pas supplier, et s'attaqua à la ceinture de son petit copain. Il s'arrêta un instant, essoufflé.

- Tu es sûrrr que ton père ne rentrera pas ?

Le charme se brisa quelques secondes plus tard.

- Eh bien en fait, je n'ose pas sortir. Je suis aux toilettes.

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S'ensuivit pour Arthur une délicate discussion père/fils sur l'homosexualité tout juste révélée d'Alfred. Ne sachant pas trop quoi dire, il déclara :

- Et dire que tu as toujours eu horreur des suppositoires...

Alfred en fut traumatisé à vie.

Roderich Edelstein prit une grande inspiration en voyant sa petite amie, Elizaveta, sortir de chez elle. Il l'attendait en bas du perron. Il sentit son cœur fondre quand elle lui fit un grand sourire. Il rassembla tout son courage, et resserra sa poigne sur le bouquet de roses qu'il dissimulait dans son dos. Une vielle dame passa derrière lui, scruta le bouquet et lâcha :

- C'est pas des fleurs qu'elle veut, c'est du sexe !

Roderich la fixa d'un air hagard, incrédule et dérouté. Les vieux, c'est plus ce que c'était.

Gilbert ricana. Aujourd'hui, leur professeur était absent. Un remplaçant polonais, qui s'était présenté sous le nom de «totalement M. Łukasiewicz», leur avait été envoyé. Gilbert était connu pour être un élève quelque peu turbulent. Il n'allait en faire qu'une bouchée, de ce prof avec sa dégaine de fillette ! Il jeta un coup d'œil à ses deux amis, Francis et Antonio, assis à quelques rangées de lui. Des clins d'œil lui firent comprendre que le message était passé. Alors que le remplaçant s'installait, Gilbert toussa. Une fois, deux fois, rapidement rejoint par ses amis. Finalement, toute la classe fut subitement prise d'une quinte de toux. Ils n'avaient pas prévu que le professeur rentrerait dans leur petit jeu en déclarant :

- Genre, le premier qui s'arrête de tousser est collé.

- Mais enfin Francis, amigo, cesse de te faire des films !

- Non Antonio ! Je refuse de partir là-bas.

Francis Bonnefoy croisa les bras et fixa son ami espagnol dans les yeux.

- C'est la dernière fois, tu m'entends, la dernière fois que je te laisse organiser nos vacances d'été, dit-il d'un ton qui n'admettait aucune protestation.

Ce qu'Antonio fit quand même.

- Mais puisque je t'assure que le pays où nous allons passer ces vacances est paisible !

- Ah oui ? En attendant, dans le lexique que tu m'as donné, j'ai trouvé la traduction de "Ne tirez pas, nous sommes français !"

Ivan se raidit, les joues brûlantes de honte, tentant de rassembler le peu de dignité qu'il lui restait. Et c'était difficile. Il n'aimait pas, mais alors pas du tout le regard d'espoir que lui lançait Arthur. Comment cela avait-il commencé déjà ? Ah oui, cet imbécile d'Alfred lui avait demandé de garder son chien quelques jours. Lui, comme un idiot, n'avait pas pu résister à ce sublime minois qui le suppliait, se disant que s'il rendait service à l'américain, cela lui fournirait un prétexte pour approfondir leurs relations. Et comment s'appelait le chien de cet abruti ? Esprit d'Obi-Wan.

« - C'est en référence à Star Wars, Ivan, enfin ! Il fallait que je rende hommage à cette série ! »

Bien sûr qu'il savait cela. Ce n'était pas la réponse qu'il attendait quand il avait demandé à l'américain pourquoi son chien avait un nom aussi étrange. Et puis ensuite, lors de la promenade au parc, ce canidé aussi dépourvu d'intelligence et de compassion que son maître avait tiré violemment sur sa laisse et s'était échappé dans les buissons. En le cherchant, il avait rapidement croisé Arthur Kirkland et Francis Bonnefoy qui se promenaient main dans la main (qu'on n'aille pas lui dire qu'il ne se passait rien entre ces deux-là), mais n'avait pas vraiment fait attention à l'Anglais qui prétendait voir des fées et autres créatures magiques partout.

Mais pourquoi. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que juste à ce moment-là, et devant ce type, il crie : « - Où es-tu, Esprit d'Obi-Wan ? »

Assise sur un banc de la cour du lycée, la jeune fille Taiwanaise Le regardait. Lui, le garçon si beau et si intelligent sur lequel elle avait flashé depuis la rentrée. Alfred F. Jones… Rien que le nom la faisait monter au septième ciel, l'émoustillait au plus haut point.

- Eh, tu m'écoutes ? demanda Louise, son amie belge, assise à côté d'elle.

- Oui, oui.

Mais le cœur n'y était pas, et la Belge s'en rendit compte.

- Tu regardes encore Alfred, c'est ça ?

Un sourire de la Taïwanaise lui fit comprendre qu'elle avait visé juste. Les deux amies se comprenaient très souvent sans échanger de mots. Soudain, le portable de la brunette vibra. Intriguée, elle l'ouvrit, puis sursauta violement.

- Louise, Louise ! Regarda ça, s'écria-t-elle en lui tendant son téléphone. Il m'a envoyé un texto !

- C'est vrai ? Ouvre, qu'est-ce que t'attends !

« Coucou, tu pourrais me passer ton numéro de portable, please ? »

Les deux jeunes filles échangèrent un regard consterné.

- Bon, dit Louise en passant un bras autour du cou de son amie, il reste toujours beau, quoi…

Arthur Kirkland prenait tranquillement son petit déjeuner dans son salon, savourant ses (immondes) toasts, et lisant « Paris Match ». Une petite voix l'interpella soudain.

- Mommy ?

Il porta un regard affectueux sur son cher fils de cinq ans, Alfred, qui le regardait avec son visage poupin à croquer. Le bambin avait posé sa tartine de nutella dans son assiette, et fixait du regard l'Anglais.

- Oui, mon chéri, qu'y a-t-il ?

-Eh bien… Parfois mon trilili se dresse comme un bâton…

-Ce n'est pas grave honey, c'est tout à fait normal, répondit Arthur en bon pédagogue. Quand cela t'arrive-t-il ? ajouta-t-il par curiosité.

- Well, parfois quand je regarde « Scooby Doo » et que Scooby et Sammy sortent habillés en fille…

Feliks Łukasiewicz soupira d'aise. Qu'est-ce qu'il avait bien dormi ! Minute… Trop bien dormi ! Il se redressa dans son lit, et se tourna vers son réveil.

- Genre, merde ! Je suis totalement en retard pour le boulot!

Feliks se précipita hors de sa chambre. Il s'habilla en quatrième vitesse (pratique les jupes, dans ces cas-là), et se dépêcha d'avaler sa tartine de pain « totalement bio avec du beurre style enrichi en oméga trois, tu vois ?». Il jeta un rapide regard à l'horloge de sa cuisine. Alors, il dû prendre une des décisions les plus difficiles de sa vie. Pas le temps… Il n'avait pas le temps de se maquiller… Pour la première fois depuis des mois, il sortirait donc sans maquillage. Il atteignit finalement son lieu de travail de justesse, et rejoignit son bureau.

- Bonjour, Feliks, entendit-il.

Il releva la tête de ses dossiers et sourit à Toris Laurinaitis, un autre employé de la compagnie sur lequel il craquait depuis le jour où ils s'étaient rencontrés.

Vint l'heure du repas. Feliks se rendit au réfectoire, prépara son plateau, puis s'assit à la même table que Toris et ses autres amis, un letton qui tremblait en permanence, et un estonien qui ne quittait pas des yeux son ordinateur portable posé sur la table (un vrai geek).

- Ah, Feliks installe-toi, lui dit gentiment Toris. Avec les autres, on parlait justement de toi.

- C'est vrai ? répondit le Polonais, sentant son cœur s'emballer.

- Oui, on disait que tu avais vraiment bonne mine aujourd'hui, tu as l'air moins fatigué que d'habitude… Je te sers en eau ?

Katyusha consulta une fois de plus sa montre. Bientôt. Bientôt Eduard serait de retour de son voyage d'affaires de deux semaines. Ce n'était plus qu'une affaire de minutes. Ce qu'il lui avait manqué, son petit copain estonien !

- Il ne devrait plus tarder maintenant, sourit la jeune Ukrainienne.

Elle s'assit sur le sofa et alluma la télévision. Malgré cela, elle ne parvint pas à penser à autre chose qu'Eduard. La jeune ukrainienne avait préparé amoureusement son retour : les apéritifs disposés sur la table basse ne demandaient qu'à être savourés, et le poulet cuisait doucement dans le four. Elle avait même fait couler un bain chaud parfumé, qu'elle espérait bien partager avec lui. C'était son ami Francis qui lui avait donné ce conseil, s'étant auto-proclamé « docteur ès comment-exciter-votre-bien-aimé-et-être-sûr-de-passer-une-bonne-soirée ».

Soudain la porte d'entrée s'ouvrit. Il était de retour ! Katyusha entendit la voix de son bien aimé demander :

- Où est ma déesse ?

Elle se retourna sur le canapé pour faire face à son amour.

- Je suis là !

Eduard plongea aussitôt son regard dans le sien et rétorqua tout de suite :

- Non, je cherche ma DS. Tu sais, la console de jeux…

VDM 15

- Merdeuuuuh !

Ce fut la première chose qu'entendirent Arthur et Francis en entrant dans la maison d'Alfred. Ils furent accueillis par Ivan, qui les débarrassa de leurs manteaux et les mena dans le salon. Ils y trouvèrent l'Américain assis par terre, devant sa télé, une manette en main, s'énervant devant l'un de ses nombreux jeux vidéo.

- Je trouverais cette ville, je jure que je trouverais ! glapit Alfred en gigotant dans tous les sens devant le grand écran, comme un enfant impatient.

Il n'avait même pas remarqué la présence de ses parents. Levant un sourcil désapprobateur par avance, Arthur s'enquit de la raison d'une telle colère.

- Oh, ça ! sourit Ivan, avant de glousser. Ce n'est rrrien d'important.

Ils se tournèrent vers l'« adulescent ».

- Bloody fucking town !

- Ca n'a pas l'air d'être son avis, constata l'Anglais avec une grimace.

- Pourrais-tu nous expliquer la raison d'un tel agacement, Ivan ? demanda Francis qui semblait plutôt amusé, tandis qu'il s'asseyait dans un fauteuil et qu'Arthur s'installait sur ses genoux.

- Bien sûrrr !

Il baissa légèrement la voix afin de ne pas être entendu de son amant, même si ledit amant paraissait trop absorbé dans son jeu pour faire attention à eux.

- Durant l'une de ses missions, un perrrsonnage de son jeu a conclu sa phrase par la célèbre locution latine « Alea jacta est ». Ca fait une demi-heurrre qu'il cherche la ville de Jacta pour s'y rendre à l'Est.

Arthur le fixa d'un air abasourdi, tandis que Francis se retenait pour ne pas éclater de rire.

- W… What ? Mais, tu ne vas pas lui expliquer que…

- J'ose pas lui dirrre, répondit le Russe avec un sourire candide, c'est trop drôle de le voir chercher !

La jeune taiwanaise soupira.

- Louise, ce n'est pas la peine…

- Enfin, Mei-Lin, ne soit pas si négative !

La Belge se trouvait dans la chambre de son amie, et argumentait depuis maintenant un bon quart d'heure pour la faire changer d'avis.

- Je te dis qu'on va bien s'amuser en boite, alors viens avec moi ce soir.

- J'ai dit non.

- Mais pourquoi, enfin ?

- Tu sais très bien, s'agaça l'asiatique, que je n'ai pas de chance avec les garçons….

- Balivernes ! Une splendide jeune fille comme toi fait tourner toutes les têtes de ces êtres testostéronés.

- Ca se dit, ça ? Oh, et puis non c'est non. De toute façon j'ai un don pour attirer les idiots et les gays…

La Belge prit son amie par les épaules et la força à la regarder dans les yeux.

- Ne reste pas sur tes échecs. Viens avec moi, s'il-te-plait. On ne sait jamais, si ça se trouve cette fois-ci c'est la bonne !

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Mei-Lin soupira de nouveau. Elle soupirait beaucoup ces temps-ci. Accoudée au bar, elle regardait Louise danser de manière effrénée sur la piste, admirée par un sacré paquet de mecs. « La veinarde… Moi, personne n'irait m'offrir-»

- …un verre ?

Elle sortit de ces pensées, et tourna la tête. Assis au bar à côté d'elle se trouvait un beau jeune homme blond aux yeux verts, les sourcils froncés en une expression sérieuse. Elle fit un effort de mémoire et se rappela qu'il était dans le même lycée qu'elle, mais elle ne le connaissait que de vue, et de ce qu'on racontait sur lui. Il la regardait fixement, et elle en conclut que c'était à elle qu'il venait de parler.

- Excuse-moi ? dit-elle en haussant la voix en raison du bruit ambiant.

- Je te demandais (elle avait un peu de mal à la comprendre car il semblait gêné, et parlait d'un ton légèrement renfrogné) si tu accepterais que je t'offre un verre…

La taiwanaise écarquilla les yeux. C'était… C'était bien une tentative de drague, non ? En plus, elle le trouvait très à son goût, et il n'avait l'air ni stupide ni gay, alors… Alors pourquoi avait-elle l'impression qu'elle passait à côté d'un détail ? Bon, pour une fois qu'un garçon correct l'abordait, elle n'allait pas lui cracher dessus.

- Prends-moi ce que tu veux, répondit-elle en lui faisant un clin d'œil.

- Très bien. Barman ?

Soudain, le fameux détail lui revint en détail.

Il était suisse.

- La boisson la moins chère que vous avez, s'il vous plait. L'eau est gratuite ? C'est parfait ! Non, vous comprenez, c'est la crise et tout et tout, alors si on ne veut pas se faire envahir par les étrangers, il faut économiser dès maintenant en réduisant les dépenses superflues, investir dans l'armement et…

Gilbert Beilschmidt était avachi dans son canapé, devant la télévision, une bière à la main. Il grogna.

- Je m'ennuie… A quoi ça sert d'être aussi génial s'il n'y a personne pour m'admirer ?

Avec un soupir, il but une nouvelle gorgée de sa canette. Soudain, il entendit la porte d'entrée grincer et son frère rentrer dans le salon. Avec joie, il déclara :

- Woah bruder, pourquoi tu rentres si tôt ? Retourne donc user tes fonds de culotte à l'école ! Un type comme moi n'a besoin de personne d'autre que sa génialitude. Ou alors ma géniale présence te manquait tellement que tu voulais absolument me voir ?

Ludwig grimaça, mais ne répondit rien. Depuis le temps, il était habitué à ces accueils. Il posa son sac de cour à la place qui lui était destinée sur une étagère, puis s'assit à côté de son frère.

- Eh bien, tu en fais une tête… s'étonna ce dernier. Qu'est-ce qui ne va pas ?

- Eh bien… C'est ce nouvel élève dont je t'ai parlé, tu sais, Feliciano…

- Ah, le petit italien ? Tu as un problème avec lui ?

Ludwig se mordit la lèvre.

- Non, pas vraiment, mais…

- Raconte tout à ton génial grand frère qui va te donner ses géniaux conseils.

Le plus jeune joignit ses doigts, posa ses coudes sur ses genoux et appuya sa tête sur ses mains.

- En fait, il m'a avoué qu'il était gay. Et… qu'il avait des sentiments… pour moi…

Gilbert se mit à ricaner.

- Bravo petit frère, ton autorité naturelle et ton corps musclé parviennent même à faire craquer les garçons ! Chapeau !

- C'est sérieux bruder, se vexa Ludwig, embarrassé. Ça m'a plutôt surpris, alors je lui ai demandé comment je devais le prendre.

- Et ?

- Il m'a répondu « par derrière »…

Ivan, Katyusha et leur petite sœur Natalya dînaient ensemble. Leurs parents étant partis à un cocktail avec le travail de leur père, le frère et les sœurs profitaient de cette soirée tous les trois et discutaient joyeusement. Katyusha, l'aînée, demanda à Ivan s'il pouvait aller dans la cuisine vérifier que la tarte prévue pour le dessert ne cuisait pas trop.

- Nan ! s'écria la petite Natalya, du haut de ses quatre ans. 'Veux pas que grand frère parte !

Ivan sourit, et lui frotta affectueusement la tête.

- Je reviens tout de suite, мой ангел (mon ange), je n'en ai que pour une minute…

Il adorait sa petite sœur, malgré son étrange possessivité. Il supposait que c'était à cause de tous ces films Disney qu'elle regardait, mais elle s'était mise dans le crâne qu'elle était destinée à épouser son grand frère.

- Foutus films capitalistes, murmura-t-il en ouvrant le four et en en sortant la tarte.

Quand il revint dans le salon et s'assit, il remarqua que Katyusha le regardait d'un drôle d'air, un mélange de malaise et de rire contenu.

- Qu'y a-t-il, grande sœur ? demanda-t-il intrigué.

- Natalya, répète ce que tu viens de me dire, s'il-te-plait.

Cette fois c'était sûr, elle avait envie de rire.

- J'ai prouvé que les garçons, eh bien ils pleurent plus que les filles !

- Vraiment ? répondit gentiment le Russe, bien que cette idée lui semblât saugrenue.

- Ouiiiii ! déclara la fillette avec un grand sourire. Il y a beaucoup plus de mouchoirs dans la poubelle de grand frère que dans celle de grande sœur !

- …

Ivan cligna des yeux et rougit de honte.

- Cela n'aurait-il pas quelque chose à voir avec ce nouvel élève américain qui vient d'arriver dans ta classe, Vanya ? demanda Katyusha, légèrement moqueuse.

- Grande sœur ! s'indigna Ivan, désormais rouge comme une pivoine.

- Pourquoi ? s'enquit Natalya. C'est lui qui fait pleurer grand frère ?

- Repose ce couteau, ma chérie !

- Impardonnable !

Ludwig et Felicia s'arrêtèrent devant la porte du bâtiment médical. L'Allemand serra la main de sa compagne italienne.

- Tout va bien se passer, mon amour… murmura-t-il doucement en regardant avec tendresse le ventre de sa femme.

- Ve~ Mais Ludwig chéri, il n'y a que toi qui t'inquiète !

Aujourd'hui avait lieu la première échographie du futur nouveau-né du couple. En effet, Felicia attendait leur troisième enfant, qu'ils avaient accepté d'avoir après s'être assurés qu'il ne faudrait pas changer d'appartement, de voiture, ou de mode de garde. Le gynécologue, le docteur Jones, fit s'allonger l'Italienne et débuta les préparatifs pour l'échographie. Ludwig, quant à lui, se força à rester calme et détendu, bien que son esprit soit en pleine ébullition. Pourvu que tout se passe bien pour cette jeune pousse de vie…

- Excellente nouvelle monsieur Beilschmidt, annonça le gynéco, ce sont des triplés !

Mei-Li leva la tête vers le ciel afin d'admirer le ciel sans nuage, mettant sa main en visière pour se protéger de la lumière intense du soleil.

- Quelle belle journée, les enfants ! dit-elle avec entrain à la vingtaine de bambins qui l'entouraient.

Louise, qui marchait à côté d'elle, lui fit un grand sourire.

- Tu vois, je t'avais bien dit que ce serait sympathique ! Alors, c'est qui la meilleure ? s'écria la Belge en passant un bras autour du cou de son amie asiatique.

- C'est toi, tu as gagné, répondit Mei-Li en gloussant.

Elle était obligée de reconnaître qu'elle passait un bon moment, et que Louise avait souvent de bonnes idées. La veille, la Belge lui avait annoncée qu'elle accompagnait un groupe de jeunes maternelles pour une sortie en ville, et lui avait proposé de l'aider à surveiller les enfants. Devant l'énergie et la bonne humeur de la blonde, Mei-Li n'avait rien pu faire d'autre qu'accepter. Mais elle ne regrettait rien : le temps était très agréable, et les maternelles, charmants (il y avait parmi eux un petit italien, Feliciano, qui était terriblement adorable).

Toute la troupe s'arrêta sur un trottoir.

- C'est l'heure de la pause goûter, mes chéris, s'exclama Louise en posant son lourd sac à dos à terre. Mei-Li, tu veux bien les installer pendant que je sors les biscuits ?

La brunette s'exécuta, et aligna les enfants au mur. Une fois cela terminé, elle remarqua une tête blonde dans la rue qui s'avançait vers elle. Son cœur accéléra ses battements quand elle reconnut Alfred F. Jones, un des plus beaux garçons de son lycée.

- Hi Mei-Li ! s'exclama-t-il une fois à sa hauteur.

- S… Salut ! bredouilla la jeune fille, tentant de dissimuler son rougissement.

- Je voulais savoir… demanda le blond en pointant du doigt les enfants. A quelle heure seront-ils fusillés ?

Roderich Edelstein était absorbé par son travail, démontrant scrupuleusement le théorème d'Al-Kashi sur sa feuille de cours. Il stoppa un instant ses réflexions pour écouter les explications de son professeur, remonta ses lunettes d'un geste bref puis se replongea dans ses calculs. Soudain, un petit « bip ! » résonna dans la pièce, au milieu du léger brouhaha qui régnait dans l'auditorium. Roderich rougit furieusement.

Son portable. Comment avait-il pu oublier de l'éteindre ? Une telle étourderie était indigne de la fameuse rigueur autrichienne... Terriblement gêné, Roderich sortit discrètement son mobile de sa poche pour ouvrir le texto qu'on venait de lui envoyer. Qui sait, il s'agissait peut-être d'une urgence ?

Ah non. Le message provenait de son compagnon, Gilbert Beilschmidt.

J'ai envie de te faire l'amour. C'est inconvenant ?

Roderich ne remarqua que trop tard le bruit de pas qui s'approchaient de lui.

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Gilbert buvait une bière, avachi dans son canapé, quand on frappa à sa porte. Il se leva péniblement (mais sans se départir de sa génialitude, évidement) et alla ouvrir.

- Hé, Roddy ! s'exclama-t-il. Comment ça…

Il fut coupé dans son élan par une gifle magistrale donnée avec l'élégance noble de son bien-aimé.

- Que… ? murmura l'albinos, étonné du regard meurtrier que lui lançait Roderich.

- Quand le professeur attrape mon portable, le lit devant la promotion et révèle par la même occasion au même auditoire mon homosexualité, oui, c'est inconvenant.